Finaliste en 1930, lArgentine remporte enfin, chez elle, son premier titre mondial. Mais le succès des hommes de César Luis Menotti, remporté aux dépens des Pays-Bas, décidément maudits, sest déroulé sur fond de contexte politique troublé. |
Rarement lapproche dune Coupe du Monde - en loccurrence la XIe de lhistoire attribuée à lArgentine - aura suscité autant de polémiques. Le respect des Droits de lHomme a relégué le football au second rang. Face au régime dictatorial du Général Videla, les grands de ce monde sinterrogent sur la conduite à tenir. Faut-il renoncer au tournoi ? Malgré les menaces, et les appels au boycott, toutes les nations de football sont au rendez-vous du Mundial argentin. Du moins celles qui sont parvenues à se qualifier sur le terrain. Encore une fois, lAngleterre manque à lappel, tout comme la Yougoslavie ou lURSS. Des " petits ", tels que lIran ou la Tunisie, en profitent pour effectuer leurs premiers pas en Coupe du Monde, alors que la France signe son retour dans lépreuve reine après douze ans dabsence.
Pour leurs retrouvailles avec lélite, les Bleus de Michel Hidalgo ne sont pas gâtés par le sort. Battue 2-1 par lItalie, la France sincline sur le même score face à lArgentine. Et, en dépit de leur succès sur la Hongrie (3-1), les coéquipiers de Michel Platini ne survivront pas au premier tour, que les favoris de ce Mundial ont, eux, plutôt bien négocié. Seule la Hollande, finaliste en Allemagne quatre ans plus tôt, mais privée de Cruijff forfait pour la compétition, sest donnée quelques frayeurs dans son groupe de qualification.
Les Néerlandais, conduits par un Robbie Rensenbrink retrouvé, ne vont connaître en revanche aucun souci au deuxième tour. Deux succès sur lAutriche (5-1), lItalie (2-1), et un match nul (2-2) face au tenant du trophée, la RFA, dans lensemble bien décevant, leur assurent leur place en finale. La lutte est beaucoup plus âpre dans lautre groupe, entre lArgentine et le Brésil. Ce dernier semble, un moment, en position de force. Avant son dernier match contre le Pérou, lArgentine doit en effet simposer par quatre buts décart, si elle veut rejoindre les Pays-Bas. Les coéquipiers de Passarella sacquitteront de leur mission au-delà de toutes les espérances. Six buts, dont deux de Mario Kempes, ponctuent ce match étrange, au cours duquel Quiroga, le gardien péruvien, a brillé par son& absence.
Ce score fleuve, au même titre que le calendrier plus que " favorable ", ou la bienveillance du corps arbitral dont a bénéficié lArgentine depuis le début de lépreuve, interpellent plus dun observateur& Le succès des hommes de César Luis Menotti (3-1 après prolongations), aux dépens dune formation hollandaise une fois de plus hors sujet en finale, ne souffrira toutefois aucune contestation. LArgentine touchait au but. La liesse populaire pouvait commencer.
MARIO KEMPES " UN GROUPE PHENOMENAL "
Même si le succès de lArgentine fut avant tout celui dun groupe homogène, il est indissociable du talent dun homme : celui de Mario Kempes. Plutôt discret lors du premier tour, à limage de toute son équipe, le n° 10 ciel et blanc acheva lépreuve en apothéose. Outre la Coupe du Monde, il sappropria le titre envié de meilleur buteur du tournoi avec six réalisations.
" Aujourdhui encore, cette Coupe du Monde reste pour moi un merveilleux souvenir. Nous avions bien sûr connu des moments difficiles, notamment au premier tour. Mais à chaque fois, le groupe avait su se montrer " phénoménal ". Il régnait une parfaite entente entre nous. On était sur un petit nuage. Mais le secret de notre réussite fut peut-être que les dirigeants argentins laissèrent Cesar Menotti libre de tout mouvement. Nous navons jamais été soumis à la moindre pression ". Aujourdhui retiré à BellVille, sa ville natale, située à 200 kilomètres à Cordoba, Kempes est à la recherche dun poste dentraîneur. " Car le foot, cest ma vie. "
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