France : la victoire, seul objectif

Léquipe de France abordera avec une énorme ambition "sa" Coupe du monde. Devant leur public, les Bleus, demi-finalistes de lEuro-96 en Angleterre, vont tenter de conquérir, pour la première fois, le Graal du football. Le défi est de taille. Depuis la création de lépreuve en 1930, les Français nont jamais atteint la finale, devant se contenter de la troisième place en 1958 et 1986, de la quatrième en 1982. De plus, les prétendants à la couronne mondiale nont jamais été aussi nombreux dans une compétition à 32 équipes qui sannonce très relevée. Aimé Jacquet ne sest pas défaussé devant ses responsabilités et a annoncé haut et fort lobjectif : "la victoire et rien dautre". Curieusement, il semble que lon accorde plus de crédit aux chances de léquipe de France à létranger que dans lhexagone où les critiques nont jamais épargné le sélectionneur depuis son entrée en fonction. Aimé Jacquet a-t-il les moyens de ses ambitions ? Les Bleus peuvent compter sur une défense (Thuram-Desailly-Blanc-Lizarazu) extrêmement solide. Mais le sélectionneur devra trancher la délicate question du gardien de but, Lama et Barthez étant très proches lun de lautre. Le secteur du milieu de terrain a également du répondant, en quantité et en qualité. Avec en premier lieu Zinedine Zidane, le bijou des Bleus, devenu à la Juventus Turin un des meilleurs joueurs au monde. Reste lattaque, le point faible. Le sélectionneur, malgré de nombreux essais, na pas trouvé la solution. A la différence des autres favoris du Mondial, léquipe ne France ne dispose pas de grosses pointures. Elle va se lancer dans la bataille avec des attaquants pour la plupart inexpérimentés au plus haut niveau, exception faite de Djorkaeff, sorte de "neuf et demi". Faire le jeu Autre point dinterrogation, Aimé Jacquet sest-il donné les moyens de gagner ? A lEuro, le système de jeu reposait sur un milieu à trois "récupérateurs" (Karembeu-Deschamps-Guérin), avec Zidane comme animateur et Djorkaeff près de la "pointe" (Dugarry). Conscient quil ne pouvait prétendre remporter la Coupe du monde avec ce schéma, le sélectionneur a changé son fusil dépaule, multiplié les formules, notamment au niveau des "couloirs", au cours de matches amicaux qui nont pas vraiment motivé ses troupes. Au Mondial, il ny aura plus que deux, voire un, récupérateur. Passage obligé pour une équipe qui devra, chez elle, faire le jeu et se montrer conquérante. Depuis lEuro, léquipe de France, plutôt décevante, à limage dun Tournoi de France raté, na montré quen une seule occasion (contre lEspagne), son vrai visage. Cest peu. Mais après une ultime préparation où le sélectionneur a, enfin, pu travailler avec tout son monde durant 25 jours (sauf Deschamps, Zidane, Karembeu arrivés plus tardivement en raison de la finale de la Ligue des champions), on peut espèrer que les Bleus se montrent à la hauteur des espérances de tout un pays. A priori, le premier tour contre lAfrique du Sud (12 juin à Marseille), lArabie Saoudite (18 juin au stade de France) et le Danemark (24 juin à Lyon) ne devrait pas poser trop de problèmes. Mais il leur faudra être au top niveau dès les huitièmes de finale pour franchir lobstacle (en principe lEspagne ou le Nigeria) qui se profile à lhorizon.

© - AFP - 1998