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Jamaïque : de la samba dans le reggae Ce sont les "petits poucets" de la Coupe du monde. De tous les qualifiés au Mondial, la Jamaïque est sans doute le plus inattendu et apportera, au pire, dans le groupe H de lArgentine, de la Croatie et du Japon une touche dexotisme. Personne naurait parié un dollar sur les possibilités de qualification de la petite île des Caraïbes anglophones après les trois premiers matches de la poule finale de la Concacaf. Un piteux match nul à domicile 0-0 contre les Etats-Unis, suivi de deux déroutes à Mexico (6-0) et à San Jose (3-1) avait, semble-t-il, réduit à néant les espoirs des Jamaïcains de réussir leur opération France 98.
Cest alors que le Brésilien René Simoes, en charge de léquipe depuis 1994, se décida à incorporer à une équipe desprit encore très amateur, quatre professionnels anglais dorigine jamaïcaine, dont celui qui devait se révéler loiseau rare des éliminatoires, Deon Burton.
Lattaquant de Derby County aux faux airs de Ronaldo devait, à raison dun but à chacun de ses quatre premiers matches, remettre les "Reggae Boyz" sur orbite. Les Jamaïcains ne devaient plus perdre. Le jour du match nul contre le Mexique à Kingston, assurant définitivement le 16 novembre dernier la qualification, lîle devait enregistrer une explosion de joie populaire comme rarement dans lhistoire du pays. A tel point que le gouvernement décrétait immédiatement un jour férié.
Parent pauvre
Le football, en Jamaïque, est le parent pauvre dune île vivant au rythme du cricket et des exploits de ses sprinters. Le niveau de léquipe nationale était tel que la Jamaïque avait même renoncé à disputer les éliminatoires des Coupes du monde 82 et 86.
Le président de la Fédération Horace Burrel décidait en 1994 de lancer lopération France 98 et allait dénicher René Simoes au Brésil pour lui confier les rênes du football jamaïcain. Le technicien brésilien devait réussir à imposer le passage au professionnalisme, avec laide de commanditaires privés quil allait lui même débusquer, et la constitution dun groupe dinternationaux en stage permanent sous sa direction afin dêtre certain du travail accompli.
Simoes a aussi dû apprendre à ses joueurs à croire en leurs possibilités. "Cétait comme pour les Africains, a-t-il remarqué. Un nombre incalculable de joueurs capables de faire ce quils veulent avec la balle, mais jouant seulement pour eux mêmes et fragiles mentalement. " Sous la direction du Brésilien, léquipe jamaïcaine pratique maintenant un 4-4-2 traditionnel et sefforce à coups de passes redoublées dimposer un faux rythme en conservant tant que faire se peut le contrôle du ballon. Lapport des "pro" anglais, Burton et Paul Hall devant, Fitzroy Simpson infatigable travailleur au milieu, sest avéré dans ce domaine déterminant.
Reste à savoir si cela sera suffisant pour ne pas faire seulement de la figuration en France et si en mettant un peu de samba dans le reggae, Simoes aura réussi à faire de ses "Reggae Boyzs" un produit exportable.
© - AFP - 1998