Ces Français qui ont conquis lEurope
CLAIREFONTAINE (Yvelines)
Rompant avec un régime de quasi-autarcie, le football français a délégué depuis un lustre ses ambassadeurs hors de ses frontières. Aujourdhui, le label tricolore mérite lappelation dorigine contrôlée sur le vieux continent, où les "expatriés"  collectionnent les titres nationaux ou européens. "Pour réussir, un Français est forcé de sexpatrier" . Didier Deschamps revendique la paternité de cette assertion. Un simple tour dEurope atteste de la véracité de ces propos. La saison 1997-98 a été un grand cru pour les "Bleus"  de létranger. Pour mémoire, Leboeuf a conquis la C2 avec Chelsea, Djorkaeff (Inter) la C3, Vieira, Petit et Anelka ont réalisé le doublé Coupe-Championnat dAngleterre avec Arsenal. Le Munichois Lizarazu sest consolé de labandon du titre national en raflant la Coupe dAllemagne. Quant à Deschamps et à Zidane (Juventus Turin), ils ont le "scudetto"  en poche et lorgnent vers la C1, convoité également par Karembeu, le Madrilène.

"Ce tir groupé prouve la valeur de notre football. Les choix sportifs ont été judicieux. Cest un bien pour la sélection nationale. Il sagit dentretenir la dynamique de victoires et de simprégner de cette euphorie du succès" , observe le gardien Bernard Lama.

Culture footballistique

La culture footballistique acquise à létranger rejaillit sur léquipe de France. On y fréquente désormais des joueurs plus mûrs et aguerris aux exigences de la haute compétition. Transféré au Milan AC à lautomne 93, Marcel Desailly fait figure de précurseur. Il mesure mieux le chemin accompli. "Lengouement pour notre football est réel. Les Français, cités en référence, sont approchés par les meilleurs clubs européens. Cest tout bénéfice pour les Bleus" . Desailly, comme Thuram (Parme), na pas rencontré cette année une semblable réussite. Le prestige du club ne garantit pas la moisson de titres. "Avec Parme, ça sest joué sur des détails. Rejoindre une formation huppée accroît vos chances, mais ça nest pas toujours la panacée" , admet Thuram.

Si la représentation française à létranger a perdu, avec Eric Cantona, son élément le plus charismatique, les autres "Frenchies"   ont repris le flambeau avec superbe. Le temps où Raymond Kopa (Real Madrid) ou Michel Platini (Juventus) prêchaient dans le désert est révolu. Lexemple dAnelka est édifiant. Paria au PSG, il a su, à force de volonté, renverser la vapeur et cotiser au doublé dArsenal. "Lessentiel est de savoir se remettre en question. La concurrence ne doit pas inhiber. Elle est source démulation et de progrès" , souligne Anelka. Paradoxalement, Lensois et Parisiens, sacrés en France, sont absents de la présélection dAimé Jacquet. Lunivers du football est vraiment un monde iconoclaste, où il nest pas simple dêtre prophète en son pays. Mais le plus dur commence pour cette légion étrangère censée hisser le drapeau tricolore sur le toit du monde, le 12 juillet, au Stade de France.