Lama-Barthez : Un fauteuil pour deux
TIGNES (Savoie), 16 mai (AFP)
A quatre semaines du début de la Coupe du monde, le maillot floqué du numéro 1, estampille du gardien titulaire, nest toujours pas attribué. Tiraillé entre lamplitude de Fabien Barthez et le rayonnement de Bernard Lama, Aimé Jacquet, le patron de léquipe de France, est confronté à un cas de conscience. "Personne nest devant. Celui qui veut jouer devra être le meilleur sur le terrain. Cest le critère principal" , soutient Aimé Jacquet. Le sélectionneur national a sensiblement modulé son discours de la fin de lhiver, où il affirmait péremptoire : "le numéro un sappelle Fabien Barthez" .

Aujourdhui, le problème est plus complexe et Jacquet ne peut faire léconomie dun dilemme avant détablir une hiérarchie. Bernard Lama sest replongé dans la compétition avec West Ham et sest montré rassurant et décisif pour sa réapparition chez les Bleus, en Suède (0-0). Avec cet air hautain, mâtiné de condescendance, synonyme chez ce compétiteur-né de force intérieure, le Guyanais élude le sujet. "On connaît les règles" .

Son retour en sélection referme une parenthèse douloureuse. "Mon seul adversaire, cest le ballon" . Lama a le bénéfice de lantériorité et celui davoir réalisé un remarquable Euro 96 derrière un bloc défensif à peu près identique.

La vérité du terrain

Fabien Barthez nest pas dépourvu datouts. Durant la pénitence de son aîné, il sest épanoui. Son sang-froid et sa détermination ont séduit Jacquet. La répétition des matches de haut niveau a permis à ce monstre de confiance de biffer certaines imperfections dans son jeu aérien et daffermir ses certitudes. Avec ce détachement caractéristique, lenfant de Lavelanet adopte un langage consensuel. "Jai pensé cette année avoir changé de statut vis-à-vis de léquipe de France. Mais je ne me suis jamais dit que la route était dégagée en voyant les difficultés de Bernard. Et si je devais être doublure encore une fois, je le vivrais calmement. Je continuerais à bosser" , souligne Barthez sans état dâme. En aucun cas, il ne sépancherait sur le choix de Jacquet.

Il na rien dun personnage hâbleur et le tapage en coulisses linsupporte. Seule compte à ses yeux la vérité du terrain. "Ce nest pas en dehors quon existe. Ma plus grosse concurrence, cest moi, même si Bernard est proche. Je suis là pour jouer" , ajoute Barthez. Loin de se perdre en conjectures, les deux prétendants suspendus à lannonce dAimé Jacquet, affichent une sérénité de façade. "On va se décider en se hâtant lentement" , martèle le sélectionneur. En marge de cette décision, Jacquet se prononcera également pour le poste de troisième gardien entre les deux Lionel: Charbonnier et Letizi. A la divulgation du choix, la frustration tangible des recalés tranchera avec la satisfaction intérieure du récipiendaire. "La vie dune sélection, cest la concurrence" , résume Jacquet.