Equipe de France : Youri Djorkaeff fait lapologie du groupe
TIGNES (Savoie), 14 mai (AFP)
Passé sans transition du contexte passionnel du Calcio à la "  semaine zen "  de Tignes, Youri Djorkaeff, le talent inclassable de lInter de Milan, met laccent sur la notion de groupe, postulat indispensable à laccomplissement dun Mondial en France fructueux.

Le regard ombrageux et le sourire aux lèvres, Youri marche sur les traces de son père en participant, trente-deux ans après "Tchouki" , à la plus "prestigieuse"  des compétitions. Libéré prématurément par lInter de Milan, il a rejeté lidée dune coupure. "Javais hâte dêtre à Tignes pour mimprégner immédiatement dune autre aventure" , explique-t-il.

Même si le football joue un peu lArlésienne dans latmosphère lénifiante de Tignes, le Milanais accorde une grande importance à cette préparation où des liens indispensables se tissent et se resserrent. Il sagit ainsi de définir un langage commun sur et en dehors du terrain. "Il nest pas nécessaire dorganiser un feu de camp jusquà trois heures du matin pour bien jouer ensuite ensemble. Pour devenir une super équipe, lessentiel est daller dans la même direction. Lesprit est juste, on est sur le bon chemin" , observe-t-il.

Djorkaeff et Zidane complémentaires

Par rapport à lEuro 1996, où la France avait échoué en demi-finale face à la République Tchèque, il se dit habité par de plus grandes certitudes au niveau de léquipe. Conscient davoir progressé mentalement, sa force "rejaillit"  sur la sélection et "réciproquement" .

Longtemps controversé et mis en concurrence avec un autre milieu de terrain offensif (Zidane), Djorkaeff use dun néologisme pour définir son poste au sein des Bleus. "Je suis un neuf et demi" . Le succès de son association avec Zidane, face à lEspagne, son match référence, la conforté dans son analyse.

Entre les deux hommes, il existe des affinités. "Nous sommes faits pour jouer tous les deux" , résume le "Snake" , ainsi surnommé pour sa facilité à se glisser parmi les défenses les plus hermétiques. Autour des duettistes, il imagine une configuration tactique optimale. Sa position et son statut lincitent à senfermer dans un mutisme contre-nature. "Je ne veux pas empiéter sur les prérogatives du sélectionneur" , précise Djorkaeff, lissant ses propos comme ses déviations. "Je me félicite de lapparition des hommes de couloirs. Le message de lEuro a été entendu" .

Satisfait de sa saison avec lInter de Milan, il réfute la comparaison avec les équipes de France version 82 et 86. "Au Mexique, Platini était le seul étranger. Aujourdhui, on est près dune quinzaine. La génération de 86 avait lexpérience de lEspagne. On nest pas détenteur du même vécu. On est néophytes dans une telle épreuve, mais nous sommes armés pour aller jusquau bout" , soutient Djorkaeff, partisan du prolongement dune identité française du jeu avec pour seule "rupture"   laccession à la finale.