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Iran : les supporteurs plus optimistes que les joueurs
YSSINGEAUX (Haute-Loire), 9 juin (AFP)
Le contraste est saisissant à Yssingeaux, où la sélection iranienne a pris ses quartiers : la ferveur des supporteurs venus de toute la France et dEurope tranche avec lattitude désabusée de leurs héros, bien loin des scènes de liesse au lendemain de la qualification aux forceps pour le Mondial, en Australie. Le regard, tantôt dur, tantôt perdu dans le vague, du sélectionneur Jalal Talebi, qui a remplacé le Croate Tomislav Ivic à 20 jours seulement du premier match, Iran-Yougoslavie, le 14 juin, en dit long. "Mon problème, cest que je nai pas eu le temps de bien préparer mon équipe", reconnaît-il, avant dajouter, minimaliste : "Jespère que nous allons avoir des joueurs en forme et forts mentalement pour arriver à un niveau convenable".

En descendant, à pied, du château de Montbarnier, qui les héberge, au stade du même nom, les 22 sélectionnés cheminent la mine triste et les mains dans les poches, sous les regards scrutateurs des huit policiers délite du RAID chargés de leur protection rapprochée. A leur tête, malgré son allure martiale, Ali Daï, lattaquant de Armina Bielefeld (D1 allemande), tente de donner le change. L "homme aux jambes dor" (9 buts en phase éliminatoire) assène : "Nous sommes ici pour jouer de notre mieux. Nous y sommes tous déterminés", ajoute le joueur convoité par le Bayern Munich.

"Un grand événement"

Le trio des attaquants "allemands", Daï-Azizi (FC Cologne)-Bagheri (Bielefeld), ne permet pas, malgré ses talents, de faire oublier une défense étonnamment fébrile à ce niveau. Après la défaite 7 à 1 contre la réserve de lAS Rome qui a valu sa place à Ivic, et celle, récente, 2-0 contre la Croatie, tout nest pas rose.

Malgré la morosité qui transpire à la moindre apparition de la délégation, les nombreux supporteurs iraniens présents à Yssingeaux font preuve, eux, dune grande ferveur. Lundi à 00h30 quand leurs héros ont débarqué de lavion à laéroport de Saint-Etienne-Bouthéon, 150 à 200 Iraniens, hommes, femmes et enfants vêtus de costumes traditionnels, leur ont fait une véritable ovation. Chaque jour, fiers de montrer leur billet pour les matches à venir, ils viennent aux abords du stade.

Vahid, 20 ans, thésard en électronique à Nancy, est enthousiaste : "Cest déjà une grande étape que dêtre ici. Je souhaite quils aillent le plus loin possible et je pense quils vont passer le premier tour". Dans tous les cas, leur présence sera le symbole de louverture croissante de lOccident vis-à-vis de notre pays, qui souvre lui-même progressivement à lOccident ", renchérit Mohamed, un lycéen en France depuis six ans.

"Cest un grand événement", explique Leyla, souriante collégienne iranienne de 13 ans. "Je serai aux matches, avec mon foulard. Mais si dautres Iraniennes viennent sans, cest leur choix, leur liberté. Lessentiel, cest quelles soient de la fête, car elles font partie de la société iranienne" , répond-elle aux journalistes qui la harcèlent de questions sur la condition des femmes dans son pays.

 

© - AFP - 1998