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Les Reggae Boyz au secret ARC-EN-BARROIS (Haute-Marne), 8 juin (AFP) Comme une sérénade sous les fenêtres dune improbable Juliette, la radio diffuse du reggae sur la place du Château dArc-en-Barrois où réside la sélection de la Jamaïque. En vain. Aucun des membres de la sélection napparaîtra au balcon, malgré les soupirants qui se succèdent devant lentrée. Les 870 habitants dArc-en-Barrois, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Chaumont, ont pourtant tout fait pour tenter de flatter ces hôtes dhonneur. A la demande du maire, les commerçants ont décoré leurs devantures en jaune, noir et vert, les couleurs de la Jamaïque. Tous, ils ont joué le jeu. De la pharmacie dont la façade est surmontée dune guirlande de drapeaux jamaïcains jusquà la boulangerie qui exhibe un pain rectangulaire de 40x30 cm baptisé "Rasta baguette". "On ne le vend pas, mais on voulait décorer la vitrine en rapport avec notre métier", explique la boulangère.
Mais la sélection, et en particulier son mentor brésilien René Simoes, ne se laissent pas séduire. Retranchés dans leur château, dont lentrée est étroitement gardée par les forces de lordre en uniforme, les Jamaïcains ne sortent que pour les entraînements ou pour ségayer dans le grand parc où patrouille un molosse fermement tenu en laisse par un cerbère.
"Je suis déçue"
Derrière la grille, les curieux se succèdent avec lespoir de plus en plus ténu dapprocher un joueur. Tout juste obtiennent-ils un lointain salut des Reggae Boyz passant subrepticement du porche de lhôtel-château au bus, stationné devant.
Laetitia, 16 ans, est venue tous les jours tenter sa chance au château. Résultat, elle na jamais vu aucun des joueurs. "Je suis déçue, jespérais les croiser, voir comment ils sont", regrette-t-elle après une nouvelle heure dattente infructueuse.
Décevant comportement dune équipe que lon attendait sympathique et folklorique pour sa première participation à un Mondial. Quels plans de bataille peuvent bien abriter les murs du château ? Certainement une tactique infaillible puisque les entraînements, qui se sont déroulés à huis clos les premiers jours, souvrent petit à petit au public mais restent interdits aux journalistes japonais, argentins et croates, les autres nations du groupe H.
Sans compter les inquiets, pour ne pas dire les paranoïaques, qui surveillent aux jumelles quaucun de ces importuns ne soient perchés dans les arbres entourant les terrains dentraînement. "Même les Brésiliens sentraînent devant un immense public", sétonne Ginette Guillemin, secrétaire de loffice du tourisme dArc-en-Barrois. "Au début, il y avait toujours une poignée de gens enthousiastes devant lentrée du château, mais maintenant cest tombé", ajoute-t-elle en tempérant que "les joueurs seraient enclins à rencontrer le public mais Simoes ne veut pas". Dans la salle dun café-restaurant en face de lentrée du château, les commentaires ont vite fait de délaisser le capricieux occupant pour un sujet plus brûlant : léquipe de France.
© - AFP - 1998